Les prairies temporaires en moyenne montagne

Durant été et automne, les repousses des prairies temporaires permettent d'assurer ou de compléter le pâturage.

En moyenne montagne, pour produire du lait ou de la viande au meilleur coût, vous devez disposer tout au long de l'année de fourrage de bonne qualité en quantité suffisante.
Il vous faut donc tirer le meilleur parti de vos prairies en recherchant une bonne complémentarité entre prairies naturelles et temporaires. En effet, au printemps les prairies temporaires permettent de constituer des stocks importants de fourrage pour hiver (en foin ou en ensilage). Vous trouverez ici des conseils pour choisir et tirer le meilleur profit des prairies temporaires que vous installerez.


LA MOYENNE MONTAGNE

  • les exploitations d'élevage sont dominantes. Les productions sont variées: vaches laitières, vaches allaitantes, brebis laitières, moutons, chèvres.
  • l'altitude est comprise entre 500 m (dans les Vosges ou le Morvan) et jusquà plus de 1000 m dans les massifs méridionaux.
  • l'hiver est long et froid. Le printemps tardif avec des gelées couramment jusqu'en juin. Les gelées sont précoces à l'automne. La période de pousse de l'herbe ne dépasse guère 5 mois.
  • la pluviométrie est élevée et bien répartie (excepté sur les contreforts méditerranéens).
  • les prairies naturelles et les parcours représentent une part souvent importante de la surface des exploitations d'élevage.

Comment choisir des espèces adpatées à la montagne

Des espèces résistantes au froid

La plupart des espèces fourragères sont résistantes au froid une fois bien installées. Dans les régions à hiver particulièrement rigoureux, dactyle et fléole sont les deux espèces les mieux adaptées. Le ray-grass d'Italie et certains bromes sont les plus sensibles au froid. Le brome sitchensis supporte mieux l'altitude à condition d'être implanté sur sol léger et filtrant.
Pour le trèfle blanc, choisissez des variétés de type hollandicum. Les types ladino sont, en effet, plus sensibles au froid.

Une espèce comme le dactyle fournit d'excellentes repousses à pâturer.

Les variétés tardives sont plus sûres. Les gels tardifs au printemps, qui surviennent après le départ de la végétation, sont plus nocifs que les gels d'hiver. Les variétés précoces, qui démarrent tôt au printemps, sont les plus touchées. Elles sont donc à employer avec prudence. Le gel peut retarder et même empêcher toute montaison s'il a touché l'épis en formation.

Avec des variétés précoces, on n'est donc pas toujours assuré d'avoir un pâturage plus précoce, ni d'avoir une production plus importante. Pour la même raison, les types méditerranéens qui démarrent tôt au printemps sont à déconseiller à l'exception des zones méridionales.

La luzerne, la fétuque élevée et le dactyle sont les espèces les plus productives en été et dans les zones sèches grâce à leur système racinaire développé.
La fléole, qui épie tardivement à une période où le beau temps est généralement plus assuré, convient parfaitement à la fenaison.
Pour le ray-grass anglais, il faut choisir plutôt des variétés tardives souples d'exploitation pour la pâture et des variétés précoces à port dressé pour la fauche.

Le trèfle blanc aime la chaleur et sa pousse au printemps est tardive. Il n'est donc guère présent durant le premier cycle de la graminée. Son faible enracinement ne lui permet pas non plus de pousser en cas de sécheresse estivale.

Pour avoir de l'herbe rapidement, le ray grass d'Italie et le ray grass hybride sont intéressants semés au printemps : ils vous donnent au moins 6 tonnes de matière sèche dès le mois d'août. La 2e année (si celle-ci n'est pas trop sèche) ils produisent 12 à 14 t de MS. Cultivé seul ou en association, le trèfle violet donne une bonne production en moyenne montagne.

En année humide, le supplément de production atteint 3 t de MS/ha pour le ray-grass anglais, le trèfle violet et la fléole ; 4 à 5 t pour la fétuque élevée, le dactyle et la luzerne.

En année sèche, la différence de production avec la prairie permanente est également importante. Elle se manifeste surtout sur la production d'été et d'automne. Cet écart est dû à la faible production estivale de la prairie naturelle (1 t de MS/ha).

Les prairies temporaires à base de graminées ou de légumineuses (?) ont une production supérieure à la prairie permanente qui reçoit la même fertilisation.

Tenez compte de la durée de votre prairie

Toutes les espèces n'ont pas la même longévité. Selon votre assolement, choisissez une espèce ayant une pérennité adaptée :

Une prairie bien implantée reste longtemps productive. Soignez la préparation du sol et le semis


Comment réussir ses semis

En montagne, la prairie temporaire doit être bien implantée pour affronter l'hiver. Vous devrez donc particulièrement soigner l'implantation.

Le printemps est généralement la période la plus favorable pour les espèces d'implantation lente (dactyle, fétuque élevée, fléole, trèfle violet, luzerne, trèfle blanc). Les chances de réussite en fin d'été sont faibles (à altitude supérieure à 800 m, risque de disparition de plantules dû au froid, à la couverture de neige et au déchaussement).

Dans les régions à sécheresse estivale, les semis d'été doivent être effectues avant la mi-août, même au sec. On profite ainsi des pluies d'orage de cette période pour avoir des plantes suffisamment développées pour passer hiver.

Au printemps, les ray-grass italiens ou hybrides s'installent très rapidement et assurent un rendement très intéressant dès l'été. Le ray-grass anglais s'implante un peu moins vite mais peut produire 4 à 5 t de MS de fourrage l'année d'installation.

En semis de fin d'été, les ray-grass sont les espèces qui ont le plus de chance de bien s'implanter avant l'hiver en demi-montagne à condition qu'une gelée précoce n'intervienne pas au moment de la levée et que l'humidité dans le sol soit satisfaisante. L'année qui suit donne une production quasiment normale.

Dans les régions à altitude modérée, un semis sous couvert d'orge ou d'avoine est possible. Cette technique peut permettre de compenser le faible rendement de la prairie en cours d'installation. Il faut alors diviser par 2 la dose de semis de la céréale. A altitude élevée, le sol nu est obligatoire et il est préférable d'attendre pour semer que le sol soit suffisamment réchauffé (température moyenne 10°C) c'est-à-dire fin mai, début juin. Les semences fourragères germent à des niveaux de température assez bas.

En semant trop tôt, votre prairie risque d'être endommagée par des froids tardifs puis fortement concurrencée par les mauvaises herbes. En revanche, une prairie semée tard, peut manquer d'eau et mal développer son système racinaire.

Le semis direct pour rénover vos prairies non labourables

Les nouvelles techniques du semis direct permettent de r�nover des parcelles non labourables

Si votre sol est fragile ou si le labour s'avère irréalisable (sol irrégulier, peu profond et caillouteux, forte pente...), il vous est possible de réaliser un semis direct. Vous détruirez l'ancienne végétation avec un produit chimique de préférence en automne. Vous réaliserez le semis, soit directement avec un semoir spécial, soit avec un simple semoir à céréales à paille après un travail superficiel du sol.

Comment favoriser l'implantation

Fertilisez

En enfouissant du fumier ou en apportant une fumure de fond au labour, vous favorisez l'enracinement, la résistance (?) aux aléas climatiques et améliorez la longévité de votre prairie. Cet apport doit tenir cependant compte de la nature du sol.
Au moment du semis des graminées ou, mieux, après le désherbage, apportez une fumure de démarrage sous forme d'ammonitrate (excepté en semis tardif à l'automne).

Augmentez la dose de semis

Augmentez la dose habituellement conseillée de 20 à 25 % car en altitude le tallage est moins important et les jeunes plantules se défendent mieux contre le froid lorsqu'elles sont serrées.

Protégez la jeune prairie

Protégez la jeune prairie contre les ravageurs (taupins, limaces) et la concurrence des mauvaises herbes. Celles-ci se développeront d'autant plus facilement que l'espèce fourragère semée a une implantation lente (dactyle, fétuque élevée, fléole).

Comment obtenir des rendements élevés

Apportez suffisamment d'engrais

A époque du démarrage de la végétation (?) (début de verdissement de la prairie), le sol est incapable de fournir de azote à la plante par manque de chaleur. Il vous faudra donc apporter de l'ammonitrate tôt au printemps. Si vous envisagez une fauche et donc une dose importante d'azote, fractionnez votre apport si le sol est encore froid ou gorgé d'eau à la fin de l'hiver.

En moyenne montagne, la prairie temporaire permet de faire des stocks importants et de qualité.

Les légumineuses (?) cultivées en association avec les graminées démarrent plus tard que celles-ci. Au début du printemps, le trèfle blanc n'apporte pas d'azote à la graminée.
Il faudra donc faire un apport modéré d'azote au printemps sur vos prairies contenant en association du trèfle blanc, de la luzerne ou du trèfle violet. Vous aurez ainsi un rendement supérieur, et vous éviterez que la légumineuse devienne envahissante.


Vos apports d'acide phosphorique et de potasse sont à moduler en fonction de l'exploitation de la prairie et de vos objectifs de rendement.

Ménagez vos prairies

En laissant fleurir une fois la luzerne dans l'année, vous favorisez sa longévité. Évitez le surpâturage : la prairie doit aborder l'hiver avec des réserves reconstituées. Elles lui permettront de mieux résister au froid et de démarrer plus tôt au printemps.
En ménageant votre prairie à l'automne, vous aurez de l'herbe plus tôt au printemps. L'objectif est d'obtenir une hauteur de 8 à 10 cm d'herbe après la dernière exploitation avant l'hiver. Dans le cas de la luzerne, la dernière exploitation doit intervenir 1 mois avant l'arrivée des froids pour que la plante ait le temps de reconstituer ses réserves.

En moyenne montagne, une herbe abondante et de bonne qualité, c'est rentable !

La plupart des variétés de plantes fourragères donnent des résultats satisfaisants en moyenne montagne.
En altitude élevée, la prairie temporaire apporte un complément à la prairie permanente. Elle permet de constituer des stocks. Deux espèces sont parfaitement adaptées : la fléole et le dactyle. Ce dernier convient à la pâture et est particulièrement appréciable pour sa production d'été.


Dans des conditions climatiques moins difficiles (altitude inférieure à 900 m dans le Massif Central, vallées alpestres ou pyrénéennes) toutes les espèces de graminées et de légumineuses (?) ainsi que les associations sont intéressantes.
Leur production, particulièrement en été-automne, est moins dépendante de la pluviométrie que celle de la prairie permanente. Elles apportent une plus grande sécurité aussi bien pour la constitution des stocks que pour la pâture.

En montagne, la rentabilité de votre troupeau est fortement liée à la qualité de la ration de base. Avec les prairies temporaires, il vous est possible de disposer d'un fourrage abondant et d'excellente qualité. Vos prairies sont un capital précieux. Réussir leur installation et soigner leur entretien, c'est valoriser ce capital.
Investir dans la prairie, c'est rentable.

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